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Alter-Dressing Alter-Conso
2019 - 2021
Préparation au CNRD 2020
et
Réalisation de la Pièce présentée
Le Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) est un concours scolaire institué en 1961 à la demande d'associations d'anciens résistants et de déportés.
Il a pour objectif d'éduquer les jeunes générations au travail de mémoire et à la citoyenneté en leur proposant chaque année de réfléchir sur un sujet en lien avec l'histoire de la Résistance et de la Déportation.
L'intitulé du Concours 2020 est le suivant : "1940. Entrer en résistance. Comprendre, refuser, résister".
La période à étudier s'étend de mai 1940 à la fin du mois de mars 1941.
Les deux problématiques formulées par les élèves sont :
- Dans quelle mesure la défaite et la collaboration de 1940 font-elles émerger une renaissance civique ainsi qu'un esprit particulier d'opposition et de lutte ?
- Pourquoi, comment et sous quelles formes la Résistance se développe-t-elle de mai 1940 à mars 1941 ?
Préparation au CNRD 2020
De nombreuses séances de travail ont été consacrées à l'étude de ce sujet et de ses enjeux ainsi qu'à l'apprentissage des savoirs nécessaires pour le traiter, que ce soit au sein des cours d'histoire avec, par exemple, la séquence obligatoire pour le BEP : De l’État français à la IVe République (1940-1946), des séances d'EGLS pour les 1Vente et de chef d’œuvre pour les CAP Mode avec notamment la séance n°2 : 1940 en France : l'entrée en Résistance.
Ci-dessous le descriptif des deux séances proposées aux élèves de 1Vente :


Retrouvez le fonctionnement ainsi que l'intégralité des objectifs généraux du projet Alter-Dressing Alter-Conso en cliquant sur ce lien et l'ensemble des activités menées en cliquant ici.
Afin d'enrichir et de compléter la séquence d’histoire des élèves de CAP Mode et d'enrichir leur préparation au Concours, une séance en anglais consacrée à Joséphine Baker, à ses actes de refus en 1940 et à son entrée en résistance a été conduite. Certains documents étudiés au cours de cette séance sont à retrouver en cliquant ici.
Pour articuler histoires mondiale, nationale et locale, une place aux "pionniers" de la résistance de la région de Montereau-Fault-Yonne a été faite.
Afin de prendre conscience de la complexité de ces premiers résistants, les élèves ont notamment étudié au niveau local :
- Auguste Rochaix, civil exécuté à Montereau-Fault-Yonne par les troupes allemandes le 19 juin 1940,
- Le Marquis de Roys de Villecerf,
- Robert et Marcel Petit de Dammarie-les-Lys.


Les élèves en ont conclu qu'à l'échelle locale, comme aux autres échelles, les actes de refus et de désobéissance sont encore rares et isolés au début de notre période, les résistants étant alors peu nombreux, d'autant plus que, comme le rappelle Tristan Lecoq dans le numéro 98 de La Lettre de la Fondation de la Résistance publiée en septembre 2019, "le fait de « résister » nécessite un certain nombre d’éléments qui sont rarement réunis en 1940 : il faut avoir conscience de lutter clandestinement contre l’Occupation du pays par le régime nazi avec l’aide du régime de Vichy et inscrire cette lutte dans une action plus large, sans se limiter à quelques gestes isolés et sans lendemain, en participant à des structures clandestines et en acceptant leur fonctionnement. Résister, c’est s’engager et donner un sens à son action.".
Leurs raisons de transgresser le nouvel ordre établi et donc de s'opposer (défaite militaire brutale et traumatisante, armistice, occupation du territoire, avènement d'un régime autoritaire, collaboration, etc) sont diverses. Comme l'écrit Robert Gildea, « Ces résistants de la première heure étaient-ils des patriotes qui réagissaient instinctivement contre l’occupation allemande ? Des idéalistes qui s’opposaient à l’autoritarisme de Vichy et à sa politique discriminatoire ? Ou simplement des originaux, des francs-tireurs qui ne supportaient pas le conformisme de la majorité ? »
Ces premiers opposants émergent, en outre, de divers milieux sociaux.
Leurs objectifs, leurs raisons, leurs moments de transgression, leurs moyens et formes d'opposition sont également multiples (sabotages, distribution de tracts, etc, sans aucune logique collective mais faisant sentir à l'ennemi qu'il est en territoire hostile) et parfois même divergents, notamment à l'égard de Pétain et de Vichy que certains soutiennent dans l'espoir de préparer la "revanche".
Ils s'organisent soit depuis la France soit depuis la Grande-Bretagne, soit autour du Général de Gaulle soit sans lui.
Ces "pionniers" s'opposent, en effet, dès le début, à l'occupant allemand depuis le sol de France, soit à titre individuel soit au sein de petits groupes qui se créent de façon spontanée et sans liens entre eux, à partir de leurs connaissances personnelles, professionnelles, politiques et/ou religieuses.
Ce n'est qu'à partir des derniers mois de 1940 qu'émergent les premiers réseaux et mouvements de Résistance (Musée de l’Homme de Boris Vildé, Défense de la France de Philippe Viannay en zone occupée, etc).
D'autres décident, au contraire, pour continuer le combat, de rejoindre la Grande-Bretagne. Deux possibilités s'offrent à eux : soit s'engager dans les troupes britanniques soit rejoindre le Général de Gaulle. Certains se mettent, par exemple, au service des réseaux britanniques du Special Operation Executive du major Buckmaster, section créée en juillet 1940 par Winston Churchill et chargée des actions de sabotage et du soutien à la résistance intérieure française, et des réseaux de la France libre, mis en place par le Bureau central de recherche et d'action qui est le service de renseignement et d'actions clandestines crée en juillet 1940 par le Général de Gaulle. Le 07 aout, les accords entre De Gaulle et Churchill permettent de renforcer la légitimité du général et de jeter les bases de la France libre, qui se dote d’une branche militaire, les Forces françaises libres (FFL), armée autonome mais placée sous les ordres des Britanniques. A la fin de l'été 1940, De Gaulle compte une armée de 7 000 hommes. Refusant aussi la défaite, certaines femmes le rejoignent également. Une unité militaire féminine, le Corps féminin des Volontaires Françaises, est créée le 07 novembre 1940.
Dans tous les cas, ils risquent tous des représailles, les Allemands exerçant une répression impitoyable, dans le but d’exercer un effet dissuasif sur le reste de la population.
On retrouve donc, au sein de cette première opposition très hétérogène, trois mêmes attitudes qui consistent à comprendre ce qu'il se passe, à refuser la défaite, l'armistice, le Régime de Vichy, la collaboration, .... et à résister clandestinement et illégalement contre l'occupant, à continuer à lutter contre l'ennemi et à remettre dans la guerre les Français, puis la France.
Réalisation de la pièce présentée au CNRD
Nous avons choisi de partir de Jean Moulin qui, chronologiquement et logiquement, illustre parfaitement ces trois verbes puisqu'il comprend tout d'abord ce qu'il se joue, puis refuse et enfin entre en résistance, une fois, révoqué de son poste de Préfet, en novembre 1940.
Le point de départ de notre réflexion collective concernant la pièce à présenter pour ce Concours est l'histoire de la blessure au cou qu'il s'est faite lors de sa tentative de suicide, le 17 juin 1940, jour au cours duquel des Allemands de la 8e division d'infanterie arrivent, au matin, à la préfecture de Chartres. Des officiers de renseignement s'y présentent et emmènent à leur quartier général le Préfet qui est alors Jean Moulin. Il est sommé de signer un document accusant des Tirailleurs sénégalais de l’armée française de massacres de femmes et d'enfants, victimes en fait de bombardements ennemis. Jean Moulin qui comprend ce qu'il se joue s'y refuse, malgré les injures et les coups. Il est ensuite enfermé dans la loge du concierge de l’hôpital civil. Craignant de céder à la brutale pression allemande, il tente de se suicider en se tranchant la gorge avec des morceaux de verre. Découvert à l'aube couvert de sang, il est sauvé. Il est alors ramené à la préfecture. Les Allemands évoquent, mal à l’aise, un "malentendu ".
Cet acte de refus et non encore de résistance a donné naissance à un mythe selon lequel il porterait systématiquement un foulard ou une écharpe pour cacher la blessure.
Cette légende a été essentiellement nourrie par sa célèbre photographie "le statufiant en archétype du soldat de l'"armée des ombres" coiffé de son feutre à bord rabattu pour rester incognito et échapper à toute poursuite", pour reprendre les termes de Christine Levisse-Touzé.

Or, cette photographie a été prise par Marcel Bernard au cours de l'hiver 1939, près de la promenade du Peyrou, aux Arceaux à Montpellier. Comme beaucoup, il se couvre pour se protéger du froid. Le chapeau, l'écharpe et le pardessus sont tout simplement les attributs de la mode masculine de l'époque. En outre, tous ceux qui ont côtoyé Rex ou Max pendant ses années de clandestinité sont tous d'accord pour le décrire comme un homme fatigué, amaigri et aux traits creusés.
Ci-dessous une seconde photographie de Jean Moulin de fin juin 1940 prise par sa secrétaire particulière, Françoise Thepault, dans la cour de la préfecture de Chartres où il dissimule sa blessure au cou par un foulard. Cette photographie a été prise pour rassurer sa famille, suite aux événements dramatiques de juin 1940. Il est avec le commandant allemand von Gutlingen qui a voulu poser avec lui après la réquisition de sa préfecture.
Notez la distance que Jean Moulin habillé en civil met à l'égard de cet officier allemand en uniforme qui n'est pas responsable des sévices qu'il a subis.

Même si la dissimulation volontaire de cette cicatrice est une légende, elle nous parait néanmoins suffisamment symbolique et populaire pour la reprendre, d'autant plus qu'elle s'inscrit parfaitement dans notre projet centré sur le vêtement et qu'elle illustre les deux principales valeurs défendues par Alter-Dressing Alter-Conso : Continuité et Préservation.
L'écharpe :
C'est pourquoi nous avons décidé de présenter pour le CNRD une écharpe réalisée à partir de vêtements recyclés.
Elle porte le logo de notre mini-entreprise MAX largement inspiré de la croix de Lorraine, symbole de résistance crée en 1940. La présentation et les explications concernant la mini-entreprise et le logo sont à retrouver en cliquant ici.
Elle aurait dû être plus longue (mais la crise sanitaire liée au COVID-19 ne nous a pas permis de l'allonger), afin de symboliser l'importance et la nécessité que nous avons tous d'être unis et sensibilisés au travail de mémoire ainsi qu'à la protection de notre environnement.
Elle symbolise aussi une frise chronologique qui commence en mai 1940 et se termine en mars 1941. Le pluralisme de la résistance et son évolution y sont évoqués, à toutes les échelles induites par le thème du Concours, par divers documents présentés sur des broches et également par les diverses couleurs de l'écharpe.
Pour des raisons techniques, l'écharpe n'est pas tricotée. Elle a été fabriquée au crochet, ce qui a été un travail très long et fastidieux. Elle a demandé de très nombreuses heures de travail.





Création des pompons :
Pour terminer l'écharpe, les élèves ont décidé d'y placer quatre pompons de couleurs différentes, à chaque coin :
- le premier représente la disparition de la IIIe République, symbolisée par un tricolore qui se teinte de noir (le Régime de Vichy),
- le second, fait de noir, symbolise l'instauration du Régime de Vichy, régime autoritaire, collaborationniste, antirépublicain, antisémite, etc et la domination du IIIe Reich,
- le troisième, le renouveau civique avec les premiers actes de refus et l'émergence de la résistance où le tricolore refait son apparition dans un environnement noir et antidémocratique,
- le quatrième, un tricolore plus complet mais toujours teinté de noir, avec le développement de la résistance, des valeurs et des idéaux qu'elle incarne et défend dans une France et une Europe sous le joug des nazis.
L'enveloppe :
Notre écharpe est rangée dans une pochette fabriquée également à partir d'un vieux chemisier. Elle a été conçue sous la forme d'une enveloppe symbolisant les messages et les informations que se transmettaient les résistants. Elle porte notre logo MAX comme timbre et comme adresse la référence à l’émission quotidienne de radio retransmise sur les ondes de la BBC à partir du 06 septembre 1940 sous le titre : "Les Français parlent aux Français". Il est à noter que cette dernière est diffusée à partir du 14 juillet 1940 d'abord sous le nom : "Ici la France". Cette référence permet encore de montrer les multiples formes de résistance en 1940 que ce soit au niveau de la création d'une telle émission, de son animation ou encore de son écoute depuis la France malgré les risques encourus, par exemple. A l'arrière de la pochette apparait le nom de Rémy Dumoncel, alors maire de la ville d'Avon, résistant de la première heure par son aide aux prisonniers de guerre évadés avant leur transfert en Allemagne qui voulaient rejoindre la zone sud (et plus tard membre de Vélite-Thermopyles, un réseau de renseignement dépendant du Bureau central de renseignements et d’action de la France libre).
Quelques étapes de la fabrication de l'enveloppe :
















La radio :
Afin d'approfondir les aspects symboliques de cette enveloppe et de l'écharpe, il a été décidé, de manière collective, de la déposer dans une radio comme celle que les Français pouvaient se procurer et écouter en 1940.
Le modèle a été choisi par les élèves de CAP Mode.

Quelques étapes de la fabrication de la radio de 1940 :













Une réflexion autour de l'aiguille indiquant les stations a été menée. Plusieurs propositions ont été faites comme celle de la concevoir en carton.

Une élève ayant trouvé au CDI, lors de la Journée Portes ouvertes, un crayon sur sa table a soumis l'idée de l'utiliser. La portée symbolique (éducation, école, connaissances, etc) de ce simple objet a emporté l’adhésion de tous.
Résultat final :

La radio a été créée à partir d'un carton qui allait finir à la poubelle. Ses boutons sont ceux qui étaient cousus sur un vieux t-shirt.
Ces trois créations (l'écharpe, l'enveloppe et la radio) permettent de démontrer la complexité et la pluralité de la résistance ainsi que les multiples formes prises par les premiers actes de refus et leurs diverses échelles (France, Angleterre, etc) dès l'année 1940.
Elles ont demandé aux élèves un investissement très important. Il leur a fallu en effet 8 heures de travail pour créer l'enveloppe, 15 heures pour fabriquer la radio et 30 heures pour l'écharpe. Certains élèves n'ont pas hésité à travailler sur ces créations en dehors de leurs heures de cours.
Les broches :
Ce travail a été prolongé et enrichi par de nombreuses recherches dont voici quelques exemples de travaux rédigés par les élèves des deux classes et/ou de documents qu'ils ont sélectionnés montrant la pluralité de la Résistance et de ses formes d'opposition et présentés sur des broches piquées sur la droite de l'écharpe :


Dessin réalisé par une élève de 1Ven







